Grands voiliers français

Depuis 1989 et les années 90's, les rassemblements de bateaux, comme ceux de Brest, sont des attractions très populaires où se mélangent vieux gréements, voiliers écoles et répliques modernes. Nombre d'entre-eux portent le pavillon de l'Australie, des Etats-Unis ou du Royaume-Uni ; cependant, la France possède aussi un riche passé : de grands navires de commerce sont sortis des chantiers normands sur la Seine ou des chantiers de Nantes sur la Loire suite aux lois instituant des primes à la construction.
Au milieu du 19è siècle la navigation à vapeur nécessite une consommation de charbon importante et des relais de la côte d’Amérique du Sud permettraient aux vapeurs de rejoindre l’hémisphère sud. Par contre des grands voiliers ont la capacité nécessaire sans être tributaire de la charge du combustible pour faire des rotations complètes, partant d’Europe avec du charbon britannique, rejoignant les côtes chiliennes pour revenir par la route Ouest, via le cap de Bonne Espérance. Nombre d’entre eux disparaîtront pendant la Première Guerre Mondiale victimes de sous-marins allemands, le salpêtre étant utilisé pour la fabrication d’explosifs.
En 1880, 70% du trafic national au long cours s’effectue sous pavillon étranger ; le 27 janvier 1881, une loi crée une prime à la construction et à l’armement de navires français. En 1893, une seconde loi accorde au titre de la prime d’armement 1,70 franc par tonneau et par millier de miles parcourus ; elle va inciter à la construction de grands voiliers français, utilisés notamment pour le transport du guano des îles Chinchas, gisement épuisé vers 1880, puis du nitrate de soude ou salpêtre du Chili (tous deux fertilisants naturels des terres agricoles) et enfin du nickel de Nouvelle-Calédonie.


Le 3-mâts barque en fer TAMARIS, 463 tonnes de jauge et 670 tonneaux de port en lourd, est construit par Société Nouvelle des Forges et Chantiers de la Méditerranée à la Seyne sur mer pour Deville et Cie de Marseille.
Il effectue plusieurs voyages en Inde, Indochine puis Amérique du Nord pour Deville puis Bosc Père et Fils puis Rose Père et Fils. De 1877 à 1880, il ramène à Marseille des barils de pétrole chargés à New York.
Décembre 1880 : achat par Bordes pour 57 750 F.
Port d’attache : Bordeaux
Il effectue plusieurs voyages avec du nitrate de soude du Chili ou du charbon anglais jusqu’à son départ de Bordeaux le 28 novembre 1886 pour la Nouvelle-Calédonie Dans la nuit du 8 au 9 mars 1887, sa coque en fer heurte un récif à 3 miles de l'Ile des Pingouins, dans l'archipel Crozet. Le navire coule, l'équipage embarque sur le canot de sauvetage et trouve refuge deux jours plus tard sur l'Ile aux Cochons, plus éloignée mais plus vaste et plus accessible. Les 13 rescapés attachèrent une note au cou d'un albatros qui fut trouvé sept mois plus tard à Fremantle en Australie, mais ils ne purent jamais être sauvés.Ils auraient disparus en changeant d'ile.

La barque en acier de 1114 tonnes MARIE ALICE de 64,3 m de long sort des Chantiers de la Loire, à Nantes en 1889. Elle est déclarée perdue le 12 février 1895, en route depuis 200 jours sous le commandement du Capitaine Ancelin de Sydney, Australie vers Anvers. Elle était probablement chargée de laine d'Australie.


Trois mats barque en fer, construit aux chantiers A. Dubigeon de Nantes, le BELEM est lancé le 10 Juin 1896 et assure 33 voyages pour transporter du cacao et du sucre des Antilles
Jauge 562 tonnes, dimensions : 58 x 8,8 x 4,6m., déplacement 3,5m longueur entre perpendiculaires 51.00 m. Surface de voile : 200 m² ; équipage : 64 dont 48 stagiaires.
31-07-1896 premier voyage de Nantes à Belém ; Janvier 1914 vendu au Duc de Westminster pour £1.500 et après la première guerre mondiale il est converti en yacht. En plus de quelques transformations externes, il est équipé de deux moteurs de 300 chevaux chacun. En 1921 il est revendu à Sir A.E. Guiness, et renommé "Fantome II". Comme yacht il réalise une croisière autour du monde et des voyages en Méditerranée et en Arctique. De 1952 à 1965, il entreprend une carrière italienne sous le nom de Giorgio Cini comme navire-école regréé en barquentine. Le 27 Janvier 1979 il est racheté par l'Union Nationale des Caisses d'Epargnes et redevient "Belem" avec Nantes comme port d'attache.

Le PRÉSIDENT FÉLIX FAURE est le premier d'une série de 4 quatre-mâts construits au Havre à partir de 1896. Long de 95 m, large de 7,9 m, avec 7,45 m de creux, le bâtiment d'une jauge nette de 2650 tonneaux porte 3500 m² de voiles. Le 13 mars 1908, dans la brume, le navire fait naufrage dans le sud de la Nouvelle-Zélande ; pendant deux mois, l'équipage rescapé survivra sur l'île déserte.


Second de la série, EMILE RENOUF a quasiment les mêmes caractéristiques que le PRÉSIDENT FÉLIX FAURE avec cependant une dunette allongée. Le 2 février 1900, le quatre-mâts barque appareille de Thio, sur la côte est de la Nouvelle-Calédonie, avec son chargement de nickel et talonne un haut-fond et sombre sur le récif Durand, près des îles Loyauté, le 6-2-1900. Le site du naufrage sera retrouvé et exploré en septembre 1991.

Le quatre-mâts barque CHAMPIGNY, armé par la société des Longs Courriers Français, est également construit sur les plans du PRÉSIDENT FÉLIX FAURE. Lancé le 10 avril 1902, il est vendu en 1916 après 13 voyages, désarmé 5 ans plus tard, racheté par des Finlandais en 1923. Renommé FENNIA., devenu bateau-école, il démâte au cap Horn et doit rejoindre les îles Falkland. Après plusieurs projets, le navire est démoli en 1977.


Le quatre-mâts barque en acier ANTOINETTE est construit en 1896 par les Chantiers de la Méditerranée à la Seyne pour la compagnie Bordes. Jaugeant 3017 GRT, ses dimensions sont de 98,20 x 13,90 x 7,72m et il porte 4421 m² de voile. Il assure le transport du nitrate du Chili vers l'Europe et son meilleur trajet est de 74 jours ; il s'échoue au large du Nicaragua en 1919.

ANTONIN 4 mâts barque en acier est construit en 1902 à Dunkerque pour Bordes et fils. Son meilleur trajet est de 72 jours entre La Palice et Antofagusta en 1915. Il est coulé par le corsaire allemand Seadler le 3-2-1917. Sa jauge brute est de 3204 GRT ; sa jauge nette de 2421 tonneaux.


Le 7 mars 1901, le voilier Gross Herzogin Elizabeth est lancé à Bremerhaven comme bateau école de la marine de guerre allemande. Après la première guerre mondiale, l'instruction reprend à bord en 1921 jusqu'à son désarmement en 1932. Saisi en mai 1945 par la Royal Navy, il est attribué à la France comme dommage de guerre, renommé DUCHESSE ANNE et remorqué jusqu'à Brest où il est abandonné jusqu'en 1980. Classé comme monument historique en 81et restauré, il stationne désormais à Dunkerque Le navire a une longueur hors tout de 92 m, la coque en acier a une longueur de 78 m, une largeur de 11,90m, un tirant d'eau de 5,45 m, le grand mât s'élève à 48 m au-dessus du pont ; gréé en trois mâts carré le voilier porte une surface de voilure de 2060m2 repartie en 25 voiles.

En 1901, les Chantiers de Normandie livrent à l'armateur Brown-Corblet (celui qui a possédé PRÉSIDENT FÉLIX FAURE et EMILE RENOUF) le trois-mâts barque SUZANNE. Sa jauge est de 2.691 tonnes, 2.270 net. Ses dimensions sont 86 x 12.5 x 7.9m pour une surface de voile de 2.631 m². Son équipage est constitué d'environ 24 hommes. Son premier voyage le conduit du Havre à Nouméa en 89 jours. Il navigue jusqu'en 1921 en allant charger le nickel à Poro ou Thio et est démoli en 1925.


Le navire école SUOMEN JOUTSEN n'est autre que l'ex-LAENNEC, construit à St Nazaire en 1902, utilisé pour le transport du salpêtre du Chili.
En 1921, il est à l'abandon dans l'estuaire de la Loire, pour être démoli. Racheté , il est remis en état et devient un navire école de la marine marchande. Racheté en 1928, il retourne à son activité initiale de transport de salpêtre. En 1930, le parlement finlandais décide d'acheter un windjammer pour des fins éducatives.En novembre 1931, le bateau est renommé Suomen Joutsen (Cygne de Finlande). Long de 96 mètres, large de 12 mètres, il porte 2200 m2 de voile et peut recevoir 180 personnes à bord. Jusqu'en 1939, il accomplit 8 voyages puis sert comme navire auxiliaire puis pendant 27 ans comme école avant de devenir un musée à flot.

Construits en acier aux chantiers de la Gironde en 1911, le FRANCE II, 5 mats de 8000 t , 146 m de longueur hors tout, avec 6350 m² de voile sur 20 voiles carrées et 12 latines, est livré à la Société Anonyme des Navires Mixtes (armement Prentout) ; avec un équipage de 45 hommes, le premier voyage de France II le mène en Nouvelle-Calédonie, avec 92 jours de mer à l'aller et 102 au retour.. Combinant fret et croisières, ancêtre des paquebots de croisière, il disposait de sept vastes chambres, d'un grand salon, d'un salon de lecture-bibliothèque et d'une chambre noire pour photographie ! Le 21 février 1917, France II part de Glasgow avec un plein chargement de charbon à destination de Montevideo et entame une campagne de deux ans, le menant des ports de la côte américaine à ceux de l'Australie, de la Nouvelle-Calédonie et enfin à Dakar, avant de revenir à Bordeaux le 17 février 1919 et d'aller désarmer au Havre. Equipé initialement de deux moteurs de 900 chevaux, il en est dépouillé après avoir été vendu ; il s'échoue en 1922 au large de la Nouvelle-Calédonie

FLYING CLOUD, ex-Oiseau des îles, est en 1935 le dernier voilier de commerce des Chantiers Dubigeon de Nantes pour la Compagnie des Phosphates de l'Océanie. Cette goélette à trois mâts en acier de 660 tonnes, long de 48,98 m et large de 8,56 m possède un moteur auxiliaire et une mature en bois. Lors de son voyage inaugural entre St Nazaire et Papeete via Panama, le navire atteint 14 nœuds. Réquisitionné en 1941, il devient le navire auxiliaire P 780 des Forces Navales Françaises Libres (FNFL) ; après guerre, la goélette reprend le transport de main d'œuvre pour les mines de phosphate de Tuamotu. Il rejoint Windjammer Barefoot Cruises Ltd en 1968 comme voilier de croisières, gréé en trois-mâts goélette, pour 66 passagers et 28 membres d'équipage


. Construit en 1933 par le chantier nantais Dubigeon, pour le compte de la Société des pêches des Malouines, le PALINURO portait, à l'origine, le nom de "Commandant Louis Richard". Il mesure 54 m de long (68,9 m hors-tout), jaugeant plus de 900 tonneaux, il est gréé en trois-mâts goélette, porte plus de 1000 m² de toile. Après plusieurs campagnes de pêche à la morue sur les bancs de Terre-Neuve, le navire est désarmé de 1940 à 1945, puis reprend du service jusqu'à sa vente en 1950. Acheté par la Marine italienne en 1951, le trois-mâts retrouve sa voilure d'origine et sert à l'entraînement des élèves de l'École navale de maistrance

Long de 40 mètres, large de plus de 9, armé de 14 doris,le Terre Neuvas COTE d'EMERAUDE partait de Dinard entre 1925 et 1941 pour pêcher la morue près des côtes du Canada et du Groenland. Ses 35 hommes d'équipage ramenaient environ 450 tonnes de poisson à chaque campagne. Revenu de St Pierre et Miquelon et se dirigeant vers Port Lyautey, il s'échoue et se brise à l'embouchure de l'oued Sebou près de Casablanca.

OROHENA, construit par A. BLOUIN à Tahiti en 1944 est une goélette de 532 tonnes, longue de 14,5 mètres (48 pieds), utilisée pour le cabotage entre Tahiti et les îles environnantes


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Page en ligne le 11 Nov 2005
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